Histoire d'un cadeau

Histoire d'un cadeau

Un lieu, une histoire

Un lieu, une histoire

En 1648, Henriette de La Guiche, duchesse d'Angoulême, fait ériger des écuries somptueuses, dignes d’un palais.

Pourquoi un tel édifice ? Pour la garde personnelle de son mari Louis-Emmanuel de Valois. La légende raconte que seul le Roi de France pouvait posséder des écuries capables d'accueillir plus de 100 chevaux. Cette même légende assure que Chaumont pouvait accueillir jusqu’à 99 chevaux… 
et que le centième était la statue équestre au dessus de la porte d'honneur...

Voici l’histoire de cette construction hors du commun, dont la beauté et l’audace restent intacts.

Au commencement

Au commencement

Revenons quelques siècles en arrière… à la fin du Haut Moyen Âge, au Xe siècle, lorsque les vallées du Charolais se couvraient de fortifications seigneuriales, tandis que de nombreux clans locaux se disputaient le territoire.

Encore largement recouverte de forêts épaisses, la région, morcelée en châtellenies, est alors cédée en 1237 au duc de Bourgogne Hugues IV. Ce n’est cependant qu’en 1390 que le Charolais est véritablement rattaché au duché de Bourgogne, lorsque Philippe le Hardi le rachète aux héritiers d’Hugues IV pour quelque 60 000 francs-or…

C’est en 1416 que Marie de Lespinasse, veuve de Jean de La Guiche, et son fils Girard acquièrent la seigneurie de Chaumont, pour finalement en prendre possession en 1476.

L’ancienne forteresse à cette époque a été le théâtre de multiples assauts, notamment durant les guerres de Bourgogne. Pierre de La Guiche décide de reconstruire sur ces ruines un château Renaissance. Une tour - la tour d’Amboise - est d’abord érigée, suivie d’autres corps de logis. La construction du château se poursuit progressivement jusqu’à la fin du XVIe siècle.

Carte : extrait de L'État bourguigon sous le duc Philippe le Bon entre 1419 et 1469. Trad. en fr. Marco Zanoli Sidonius

Galerie de portraits

  • Philibert de La Guiche, père d'Henriette
  • Henriette de La Guiche
  • François de Montmorency-Bouteville, vainqueur du duel contre Jacques de Matignon,  premier époux d'Henriette
  • Louis-Emmanuel de Valois, second époux d'Henriette
  • Statue équestre de Philibert de La Guiche
Henriette de La Guiche

Henriette de La Guiche

Henriette de La Guiche naît en 1600 au sein d’une famille de haute noblesse, étroitement liée à la Cour du roi Henri IV. Elle est la fille aînée de Philibert de La Guiche, Grand maître de l’artillerie de France, également gouverneur du Bourbonnais, du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais, et d’Antoinette de Daillon du Lude.

Lorsque son père meurt alors qu’elle n’a que sept ans, Henriette hérite d’une lignée à la fois solidement ancrée politiquement et financièrement. La signature d'Henri IV figure sur son acte de baptême au titre de parrain.

Henriette incarne avec éclat l’ambition et le prestige de son temps. La devise familiale, « Au plus haut », donne le ton : cette femme de caractère ne se contente pas d’un nom illustre, elle en porte la grandeur.

Duel, mariages et cadeau ostentatoire…


Duel, mariages et cadeau ostentatoire…


Veuve à seulement 26 ans, Henriette perd son premier mari, Jacques de Goyon-Matignon de Torigni, petit-fils d’un maréchal de France et gouverneur de Guyenne et de Bordeaux, dans un duel funeste.
Trois ans plus tard, elle épouse un homme de lignée encore plus illustre : Louis-Emmanuel de Valois, comte d’Alès, colonel général de la cavalerie, bientôt duc d’Angoulême, gouverneur de Provence… et petit-fils naturel de Charles IX !

La carrière du nouveau mari s’élève rapidement : maréchal de camp en 1635, gouverneur de Provence dès 1638… Louis-Emmanuel, partagé entre la Cour et le maintien de l’ordre dans ses provinces méridionales, parcourt la route entre Paris et le sud, escorté de ses hommes.

C’est à lui qu’Henriette destine le cadeau fastueux qu’elle fait ériger à Chaumont : des écuries d’exception. Est-ce une invitation à s’y arrêter plus souvent ? Un geste d’amour, une marque de prestige… ou de pouvoir ?